Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/73

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On ne songeait pas à lui demander sa profession. D’ailleurs, disait Brasier, on n’a plus besoin de profession, ça ne sert à rien.

— Que faisait-il donc avant, Farjolle ?

— Avant quoi ?

— Avant Verugna.

— Je l’ai rencontré dans tous les tripots de Paris.

— Qui n’a-t-on pas rencontré dans tous les tripots de Paris ? s’écriait Brasier.

— Il crevait de faim.

— Qui est-ce qui n’a pas crevé de faim ?

Et Brasier haussait les épaules. Quelle manie de s’informer d’où venaient les gens qu’on fréquentait ?

À cause de Verugna, lui et Farjolle se lièrent davantage. Brasier amusait Joséphine et il lui faisait la cour. Verugna, qui n’était pas jaloux, s’en « fichait » absolument. Vis-à-vis de la maîtresse du directeur, l’attitude de Farjolle était paternelle, familière, avec une pointe de respect. Quand Brasier et Verugna s’injuriaient « pour rire », il acquiesçait alternativement aux saillies de l’un et de l’autre.

Il connut, grouillant autour de l’Informé, le nombreux personnel de la publicité, depuis des êtres faméliques et déguenillés jusqu’à Moussac, un des héros du métier, auquel il fut présenté dans le cabinet du directeur. Il vit là des gens étonnants, entre autres un bossu nommé Piquetot qui se démenait comme un diable et courait toute la journée par les trottoirs, cherchant des idées. C’est lui qui avait inventé d’intercaler des réclames dans le titre du journal, trouvaille ingénieuse qui le mit en évidence immédiatement.

Farjolle fut bientôt classé, raccrocha deux ou trois