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Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/74

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clients, gagna en un mois quelques centaines de francs. Rien de sûr encore, rien de fixe, une bonne posture seulement pour guetter de plus grosses affaires. Il était enfin dans la circulation.

Il rencontrait souvent Paul Velard, qui le traitait maintenant d’égal à égal.

Velard lui demandait des nouvelles de Mme Farjolle, qu’il n’apercevait nulle part, ni aux premières, ni au Cirque.

— Oh ! nous avons une existence très simple et nous ne sortons guère.

Une fois, Farjolle lui dit :

— Où dînez-vous ce soir ?

— Je n’en sais rien, je n’ai pas d’invitation, Jeanne dîne chez des amies…

— Si vous étiez bien gentil, vous viendriez à la maison. Ma femme sera enchantée de vous revoir ; elle sait que vous m’avez aidé beaucoup et vous garde de la reconnaissance. Dame ! vous savez, nous avons un intérieur modeste, un intérieur des Batignolles. Si ça ne vous effraye pas ?

— Comment donc ! mon cher, mais j’accepte avec plaisir, répliqua Velard. Mme Farjolle est charmante…

Ils prirent un pâté.

— Il n’y a peut-être pas assez à manger, dit Farjolle. Nous ne recevons jamais personne.

Emma, surprise, reprocha à son mari de ne l’avoir pas prévenue.

— Nous venons d’arranger ça à l’instant, ma chérie.

Elle disparut, alla mettre son peignoir, le bleu, celui qu’elle préférait et où elle se trouvait plus jolie :

— Vous m’excuserez, n’est-ce pas, monsieur Velard ?