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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/108

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ce trait, la malheureuse reconnut quel lourd destin pesait sur elle et préparait à son intention de nouvelles infortunes. En effet, elle avait cédé à Lampieur par crainte qu’il revînt à ses anciennes menaces et eût envie de les exécuter. Comment aurait-elle pu l’en détourner ? Léontine se rappela la cave aux murs crayeux, le silence qui gisait au fond de cette cave, son atmosphère compacte, son sourd isolement… Pourquoi y était-elle descendue ? La malheureuse ne s’en souvenait pas. Il lui semblait avoir été presque étrangère à ses actes de la veille et c’était, par lambeaux, que de lointaines impressions se faisaient jour en elle et lui remettaient en mémoire le désir qu’elle avait toujours eu de s’approcher du soupirail, de se pencher, d’appeler Lampieur. Ce désir était cause de tout. Il avait pris sur Léontine un si ferme ascendant qu’il avait fait corps avec elle et lui avait ôté jusqu’à sa personnalité. Même à présent, dans cette chambre où Léontine se sentait entourée par sa propre défaite, elle éprouvait d’abord comme le sentiment d’avoir été abandonnée d’elle-même pour se retrouver