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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/110

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retourna, considéra Lampieur un long moment, puis elle ferma les yeux et s’efforça de ne penser à rien.

— Ahhhh ! fit alors Lampieur.

Instinctivement Léontine s’écarta de lui le plus qu’elle put et, dans la crainte qu’il se réveillât, conserva l’apparence du sommeil.

— Comment, dit-il comme dans un rêve… Quoi ? vous… vous m’attendiez ? — Il remua, soufflant avec difficulté… — Comment ? débita-t-il encore… je… ne… sais… pas… — Et, détachant chacun des mots, il en prononça d’autres qui n’avaient entre eux aucun sens et qui cependant trahissaient une indicible terreur.

— Allons ! Allons ! murmura Léontine.

Elle secoua Lampieur et, doucement, le tirant hors du monde dans lequel il parlait :

— C’est moi, le força-t-elle à reconnaître… Vous ne le voyez pas ?

— Oui, répondit Lampieur.

Il se hissa, s’assit dans le lit et, dévisageant Léontine :

— Tu ne dormais donc pas ? demanda-t-il d’une voix qui n’était pas la sienne.