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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/111

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— Non, je ne dormais pas, avoua Léontine.

Lampieur posa sur elle un regard hébété, puis il parut rassembler ses esprits et s’absorba dans une pesante méditation.

Léontine s’était assise elle aussi dans le lit et elle ne quittait pas des yeux Lampieur qui, par moment, semblait l’avoir tout à fait oubliée. À quoi pouvait-il bien penser ? Elle eût été fort en peine de le dire. Toutefois, à de certains froncements de sourcils, il était évident que Lampieur pensait à quelque chose et qu’il associait Léontine à ses étranges réflexions, car les regards qu’il lui jetait alors étaient empreints de défiance et d’une nuance de soupçon et d’ennui.

— Est-ce que nous n’allons pas sortir ? s’informa brusquement Léontine.

Pour réponse, Lampieur se leva, chaussa ses vieilles savates et, enfilant un pantalon, se dirigea vers une table où il fit mine de se débarbouiller. Léontine suivait tous ses gestes. Elle le vit plonger la tête dans l’eau froide, se laver, s’essuyer. Il apportait à sa toilette un soin méticuleux où l’on sentait qu’il employait toute