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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/116

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de vieilles femmes dont on n’eût point pensé qu’elles pussent faire commerce de leurs charmes tant ils étaient flétris et répugnants. D’autres vieilles longeaient les boutiques. Des hommes-sandwiches promenaient leurs pancartes. De blêmes voyous allaient de compagnie et de très jeunes prostituées que l’agonie du jour rendait à leur métier, circulaient parmi les passants en leur jetant des sourires peints et de sournoises invites.

Lampieur regarda Léontine.

— C’est encore loin ? questionna-t-il.

Léontine ne l’entendait point. Elle avançait dans la foule et ne s’occupait pas de Lampieur. Qu’il l’escortât, elle n’en avait nulle gêne. Cela ne la dérangeait pas. Pour elle, Lampieur n’était pas cet homme qui marchait à ses côtés et ne parvenait pas à vaincre sa sombre indécision. Elle pensait à l’autre, au Lampieur dont elle avait imaginé le crime et elle avait horreur de lui. C’était ce crime qui exerçait sur Léontine une influence où rien de ce qu’elle pouvait vouloir n’avait la force de s’affirmer. Il appuyait sur elle de tout son poids ; il l’é