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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/121

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pas encore et il n’entendait pas non plus que les menaçantes intentions qu’il nourrissait contre la malheureuse remontaient à plus loin que ce jour. En effet, s’il croyait que son dégoût pour Léontine et le secret besoin qui le poussait à la faire souffrir dataient du moment où il s’en était aperçu, Lampieur se trompait, car de tout temps, depuis son crime, il abominait cette fille et lui vouait une haine tenace. Peut-être était-ce cette haine qui avait amené Lampieur à prendre Léontine et à l’humilier. Il avait beau ne pas s’en rendre compte, l’emportement de son désir ne s’expliquait pas autrement. C’était la haine de Léontine qui en avait imposé le désir… mais il ne le comprenait pas.

Près de cette fille, du reste, qu’avait besoin Lampieur de comprendre d’où lui étaient venus ses désirs de la veille ? Il n’en aurait pas éprouvé plus d’âpre satisfaction dans la promesse qu’il se faisait.

— Hé ! dites, dites ! appela Léontine, tandis que Lampieur suivait confusément le cours de ses pensées.