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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/123

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— Quoi ?

— Je parle de la chambre, dit Lampieur, et ne sachant qu’ajouter, il s’assit à son tour sur une chaise, enleva sa casquette et se tut.

Il fixait la flamme rouge de la lampe, comme s’il eût attendu qu’on le mît en devoir de parler. Mais les minutes se succédaient et l’embarras de Lampieur s’accroissait à mesure, car quelque chose à quoi n’avait pas jusqu’alors pensé cet homme s’imposait à sa surprise et lui donnait à réfléchir.

Pour la première fois, en effet, Léontine cessait d’être aux yeux de Lampieur cette fille quelconque, hors de la vie, et comme inexistante dont il ne savait rien sinon qu’elle avait peur et qu’elle enfermait un secret. Où était ce secret ? Lampieur voyait la chambre, le lit, la lampe, le rideau misérable qui masquait la fenêtre et cela — qui n’avait qu’une médiocre importance — en prenait une sur son esprit et l’obligeait à situer Léontine non plus hors de la vie, mais dans la vie et peut-être plus expressément qu’une autre.

Lampieur toutefois parvenait à se ressaisir et,