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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/125

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D’autre part, la malheureuse fille se demandait à quelle mauvaise inspiration elle avait obéi en acceptant que Lampieur montât avec elle dans sa chambre. Il s’y conduisait de si étrange façon. Était-il fou ?… Léontine le vit se dresser, s’approcher de la lampe qui filait, en baisser la mèche. Puis, sur la cheminée, où se trouvait la lampe, il examina différents objets, lentement, un à un, comme s’il leur demandait de répondre à la curiosité qui l’attirait vers eux et concentrait sur eux son attention.

— Ça, fit-il à voix basse en s’emparant d’une petite photographie… c’est à toi ?

Il se tourna vers Léontine et, tenant toujours la photo dans ses doigts, il ajouta :

— C’est un portrait de gosse.

— Bien sûr !

— Quel gosse ? questionna Lampieur… Tu en as un ?

— Il est mort, dit Léontine.

Lampieur replaça la photo où il l’avait prise et, s’écartant alors de la cheminée, il promena son regard autour de lui d’un air maussade.

— Il est mort à trois ans, précisa Léontine…