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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/134

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lui. Elle attendait et Lampieur voyait, à sa pâleur, qu’elle était incapable de lui résister bien longtemps.

— C’est bon, grommela-t-il, puisque tu veux qu’on ne se connaisse plus, je vais te laisser…

Il coiffa sa casquette, puis, se dirigeant vers la porte :

— On a la même idée, fit-il à demi-voix… Nous deux, vivre comme j’avais pensé… c’est plus possible.

Léontine soupira.

— Oh ! pas de boniments, répliqua Lampieur… Te fatigue pas… On a essayé… on n’a pas pu… Y en a des tas comme nous…

— Pourquoi me dites-vous cela ? demanda Léontine.

Lampieur eut un sourire désabusé.

— Parce que, répondit-il. Et, désignant du geste les murs de la chambre, il regarda la malheureuse d’un air si singulier, qu’elle le crut sincère et qu’elle s’y laissa prendre.

— Enfin, conclut Lampieur… chacun sa vie, n’est-ce pas ?

En ce moment, il était véritablement sincère,