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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/135

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car il sentait qu’il ne tenait pas seulement à Léontine parce qu’elle pouvait le dénoncer, mais encore parce qu’il tirait une espèce de plaisir du fait de se venger sur elle des maux dont il avait souffert. Aucun autre sentiment n’entrait dans ce partage. Aucune pitié. Lampieur le savait bien et là était sa force…


Cependant Lampieur ne s’en allait pas et Léontine n’avait pas le courage de le pousser dehors. Entre eux mille liens nouveaux s’étaient déjà formés… et ils se resserraient. Ils rapprochaient l’un de l’autre ces deux êtres. Ils les enchaînaient et Léontine, au fond d’elle-même, peut-être, les bénissait comme s’ils l’eussent arrachée au néant…

*
* *

Une existence étrange devint la leur après cette scène où ils avaient failli se séparer. Léontine habita chez Lampieur. C’est-à-dire qu’elle attendait Lampieur, parfois jusqu’au matin, dans un comptoir des Halles où il venait la prendre et qu’ils montaient ensuite se coucher et dormir. Le soir, on les voyait dîner