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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/14

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cause de la proximité où il vivait du lieu où s’était déroulé le drame. Une force bizarre l’empêchait de s’en écarter. Non pas qu’il éprouvât déjà le besoin de revoir l’entrée de la maison, sa porte brune, son long et banal vestibule et, tout au fond, les carreaux par lesquels il avait pénétré dans la loge de la concierge. Il eût fait un détour plutôt que de passer devant. Mais quelque chose d’obscur, qu’il ne pouvait analyser, s’opposait à ce qu’il s’éloignât du voisinage de cette maison et qu’il changeât en rien ses habitudes.

— Ben, moi aussi, un grog ? commanda Léontine… ça fera trois…

C’était presque une enfant que Léontine ou plutôt un de ces êtres chétifs, comme on en rencontre dans les villes et qui, flétris avant même que d’avoir jamais eu de couleurs, accusent seize ou trente ans à vingt et ne vieillissent plus. Petite avec cela, pauvrement mise, l’air sérieux sous son maquillage, empressée, peu bavarde, elle ne ressemblait à aucune de ses infortunées compagnes.

Lampieur la suivait des yeux… Était-ce celle-