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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/146

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temps, luttant ainsi contre l’idée de châtiment, elle pensait qu’elle en détournait Lampieur et l’empêchait secrètement d’en subir l’influence,

Jamais, — si décidée qu’elle pût se croire à tout tenter pour arracher Lampieur aux dangers dont elle l’entourait, — Léontine n’avait pris une seule fois sur elle d’oser l’en avertir. À quoi bon ?… Elle manquait d’assurance près de lui ; elle n’était pas à l’aise. Si familiers que fussent devenus entre eux les détails de la vie, ils ne leur avaient pas donné encore cette absolue sécurité de pouvoir se parler librement et de se dire parfois les choses les plus banales. Sous de pareils dehors, en effet, que d’intentions se seraient glissées… que d’allusions… de questions ambiguës ! Lampieur ne l’avait pas permis. Lui qui, naguère, s’était si malencontreusement confié à Léontine, se taisait avec elle… Ou bien, s’il lui parlait, c’était comme à regret et de façon si décousue qu’il n’estimait pas que l’on pût rien en déduire. Comment aurait pu faire la malheureuse pour obtenir de Lampieur qu’il l’écoutât ? Il l’aurait