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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/170

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trottoirs eussent comme une espèce d’élastique tassement à mesure qu’il marchait.

Lampieur se laissait prendre au jeu de si neuves découvertes. Elles venaient à son secours ; elles lui étaient aimables à savourer et il déduisait de l’heureuse influence, qu’elles avaient sur lui, qu’il avait eu raison de rompre avec Léontine et de ne plus s’en soucier. Pourtant, si Lampieur se mettait à penser à Léontine, tout son plaisir cessait : il se mélangeait d’inquiétude et de sournoise irritation. Cela n’était point naturel. Lampieur se ressaisit. Il opposa directement à ce confus plaisir dont il ressentait les effets l’image de Léontine et son irritation devint plus forte ; elle le domina : elle l’emplit d’amertume et Lampieur bientôt n’eut que cette image devant lui et il ne s’occupa que d’elle tandis que, remontant la rue, rien de ce qu’il voyait ne l’intéressait plus…

C’est alors que, là-haut, dans la chambre, Léontine qui avait décidé de quitter Lampieur et d’essayer de vivre comme elle le pourrait, se dit qu’il était temps de s’en aller et n’en trouva pas l’énergie… Durant plus d’une grande heure,