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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/182

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qu’elle n’en pourrait jamais endurer davantage, et cela, peu à peu, lui laissait espérer dans la clémence du sort et lui donnait à croire qu’une existence moins sombre la consolerait de celle-ci.

— Hé, la môme ! fit entendre derrière elle une voix d’homme.

Léontine déguerpit.

— Ben, qu’est-ce qu’arrive ! observa simplement la voix.

C’était celle d’un ivrogne qui, témoignant à Léontine sa sympathie, avait pensé qu’on l’écouterait et l’aiderait, peut-être, à ne pas rentrer seul.

— Comme tu voudras, dit-il alors avec une parfaite dignité.

Déjà Léontine était loin. Elle traversait les Halles et, prenant la rue Turbigo, se hâtait de gagner les environs de la boulangerie et d’en surveiller les abords. À sa douleur de tout à l’heure succédait un étrange besoin de se rapprocher de Lampieur. Lui seul, en ce moment, comptait pour elle. Elle excusait ses torts. Elle était attirée vers lui… Dans le stationnement