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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/237

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qui se pressait aux alentours des hautes voitures et qui les déchargeait.

En avançant ainsi, Lampieur changeait fréquemment de trottoir et, comme il était ivre, il décrivait parfois d’invraisemblables zigzags et s’en apercevait. Mais cela ne l’empêchait pas aussitôt de revenir à Léontine et de se dire qu’il la retrouverait. Au besoin qu’il avait de la revoir s’ajoutait l’idée fixe d’un homme pris de boisson. Elle suffisait à Lampieur. Elle le guidait, malgré qu’il titubât, vers Léontine et il n’en douta plus quand, à la suite d’écarts et de détours extravagants, il reconnut le petit bar voisin de la boulangerie où il allait chaque matin.

Là, dans ce bar, Léontine l’attendait autrefois. Lampieur entra. Il regarda de haut la clientèle de pauvres gens qui l’entourait et, simplement, avec un balancement d’ivrogne, il contourna deux ou trois tables et vint donner miraculeusement contre une dernière, à laquelle Léontine était assise, devant un café crème.

— C’est moi, dit Lampieur.

Il prit une chaise et, se laissant tomber dessus, bâilla et demanda :