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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/243

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Lampieur, le long des murs, découpait une silhouette pesante : il tremblait, il était d’une pâleur affreuse et ses regards, sous le bord mou de sa casquette, essayaient sans y parvenir de déguiser l’effroi dont ils brillaient.

— Ils me reconnaîtront, prononça Léontine… Ils vont me reconnaître…

Lampieur poussa un long soupir.

— Attention ! C’est maintenant, prévint-il, qu’on passera ou qu’on sera faits… S’ils nous voient nous amener, on est bons…

— Les vaches ! dit Léontine.

Ils étaient à cinq ou six mètres des agents et ceux-ci avaient l’air de se promener, innocemment, entre les boutiques qui, de chaque côté de la rue, ouvraient. Des commis enlevaient les volets des devantures. Une petite bonne se dirigeait vers la marchande de lait avec une bouteille vide. D’autres portaient les journaux du matin, du pain, des provisions.

— Doucement, doucement, fit Lampieur entre ses dents.

Les agents ne les avaient encore point remarqués. Ils tenaient, à eux trois, le milieu de la rue