Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/40

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pas d’y atteindre. Mais après, que deviendrait-il ? Irait-il à cette fille ? Lui parlerait-il ?… La phrase de Fouasse le tourmentait : « Si on met la patte dessus, avait dit celui-ci… cherchez pas… allez donc ! ce sera cause à la femme… comme toujours… » Lampieur répétait cette phrase. Chaque mot, chaque lettre en était nettement inscrit dans sa mémoire… Qu’allait-il faire ? Et, puisqu’il avait cédé à l’obsédant besoin de savoir qui se promenait le long de la boutique, pouvait-il être sûr maintenant d’avoir assez de force pour s’empêcher de joindre cette femme et lui révéler l’angoisse dont il souffrait ? Il était loin d’en être sûr… Pourtant s’il se faisait connaître à elle, s’il changeait en certitude les soupçons qu’elle avait, il se perdait. Fouasse, sans le savoir, l’en avait prévenu. N’est-ce pas ?… « Si on met la patte dessus… » Lampieur épelait, comme s’il eût lu, la phrase tout imprimée :

Si on met la patte dessus…

.

Est-ce qu’il n’en comprenait plus le sens ? Elle avait un sens, cette phrase. Un sens