Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/44

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c’était elle qui, chaque nuit, rôdait aux environs de la boulangerie, il semblait que cette fille lui appartînt. Un sentiment, qu’il n’analysait pas, le portait à concevoir des droits qu’il n’avait pas encore sur elle et qu’il croyait pourtant irrécusables car, sans le crime, Léontine en aurait-elle été soumise à cette attirance singulière qui la poussait et la dominait ? Il voyait bien que non. Alors pourquoi, ce soir, n’accomplissait-elle pas sa ronde mystérieuse ? Pourquoi n’y apportait-elle pas l’obstination des autres nuits ?… Pourquoi…

Lampieur ouvrit la porte. L’air glacé du dehors, l’eau que fouettait le vent le frappèrent au visage. Il fit un pas sur le trottoir, regarda… Près du soupirail, Léontine se tenait debout et immobile, et il la vit, collée contre le mur, comme une ombre de laquelle il n’osait approcher.


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