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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/56

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Il se retourna. Quelque part, une horloge égrena deux coups frêles dans la nuit.

— Avec vos commissions, observa Lampieur, les autres ne sont pas venues…

— Quelles autres ?

— Mais… pour le pain, murmura-t-il.

Léontine regarda vers le soupirail.

— Pourquoi, demanda-t-elle pensivement une longue minute plus tard, que vous les attendez ?

— Moi ?

Elle posa les yeux sur lui.

— Je ne les attends pas, affirma Lampieur. C’est elles qui viennent et, naturellement, des fois que je suis là, elles ne viennent pas toujours.

Il parlait lentement, en appuyant sur les mots, comme s’il eût, au fur et à mesure qu’il se servait d’eux, essayé de les rattraper. Mais il était troublé et les mots lui échappaient. Ils sortaient tout seuls de sa bouche.

— Vous ne me croyez ; pas ? questionna-t-il.

Léontine n’avait pas à répondre ; elle ne savait pas… elle ne savait plus. Pourquoi lui faisait-il une telle demande ?