Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/68

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— Ça serait que vous m’espionnez ? demanda Lampieur.

Du geste il abaissa davantage sur les yeux l’épaisse visière de sa casquette.

— Je ne vous espionne pas, répliqua Léontine.

Lampieur regarda la rue, à droite, dans la direction qu’il allait prendre ; il regarda Léontine et, haussant les épaules :

— Si c’est pas malheureux ! observa-t-il d’une voix hargneuse.

Léontine essaya de s’approcher de lui.

— Allez-vous-en ! cria Lampieur… Allez ! ouste !… D’abord, est-ce que je vous connais ? murmura-t-il en se glissant le long des devantures. Je ne vous connais pas !

Et, comme Léontine se taisait :

— Faudrait voir à me laisser la paix maintenant, annonça-t-il, avant de se remettre en marche.

Or, Léontine accompagnait, de loin, Lampieur vers la boulangerie et Lampieur ne pouvait pas l’en empêcher… Qu’aurait-il fait ? Léontine ne le quittait pas des yeux. Quand elle le voyait se retourner, elle était attirée davant