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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/74

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brusque orage. Puis il y eut un moment de silence et les filles se jetèrent entre elles des appels angoissés.

— Donnez-moi le bras, vite, vite… supplia Léontine.

Lampieur le lui tendit.

Les agents des mœurs se hâtaient. À l’angle des rues, on les voyait opérer des barrages et rabattre devant eux leur misérable proie. De toutes parts ils accouraient, formant la chaîne et se livrant à une besogne obscure.

— Pourvu qu’on passe… pourvu qu’on passe… demandait Léontine.

— Mais, naturellement, dit Lampieur.

Il avança, donnant le bras à Léontine et la tirant presque après lui, dans la direction des agents.

— Pardon, murmura-t-il et, déclinant ses noms et profession, il fouillait dans ses poches pour en extraire une pièce d’identité, quand le cordon d’agents, sur un aigre coup de sifflet, se porta en avant et livra un passage.

— Maintenant, conclut Lampieur, dépêchons-nous. Ils n’auraient qu’à barrer la rue plus haut.