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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/8

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Lampieur écoutait ces bruits comme quelqu’un qui, ne sachant plus où il est, demande aux moindres choses de lui répondre. Et elles lui répondaient. Elles le rassuraient. Elles lui laissaient entendre qu’il descendrait bientôt se mêler à leur tourbillon machinal, à leurs feux, à leurs lumières qui s’allumaient dans les vitrines et à leur incessante trépidation.

Néanmoins Lampieur n’apportait nulle hâte à sortir de sa chambre. Chaque fois qu’il en ouvrait la porte, il éprouvait presque une frayeur à l’idée qu’il y avait des gens, derrière, qui l’attendaient… Cela lui enlevait toute assurance. Et, cependant, il voyait que le couloir qui conduisait aux escaliers était désert et que personne ne lui en disputait l’accès.

— Allons ! se disait-il, et il se dépêchait de refermer la porte sur son passage et de gagner, tout en se surveillant, la rue où il se perdait dans la foule.