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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/80

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sur la toile cirée ses mains inertes et obsédantes :

— Explique, murmura-t-il.

Léontine se leva. La frayeur l’empêchait de répondre : elle l’agitait d’un tremblement pénible à voir.

— Ah ! bien, fit Lampieur… On va s’en aller si tu préfères. D’abord, j’ai mon travail… Attends !

Il vida son verre, se dressa, s’essuya la bouche d’une main lourde et tendit au garçon un billet de vingt sous.

— Eh bien ? appela-t-il une fois dehors. Léontine !

Elle répondit par un soupir si faible qu’il répéta : Léontine ! avant de la rejoindre le long des façades grises d’où elle épiait son approche. Puis ils avancèrent, côte à côte, dans la rue, travaillés par un sourd malaise qui les empêchait de parler.

— Va pas si vite, ordonna Lampieur…

Léontine l’implora.

— Dites ! gémit-elle… vous n’allez pas me tourmenter encore… vous n’allez pas, exprès,