Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/86

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des fritureries. Léontine, mêlée à cette animation, y assistait et y redevenait elle-même. Elle regardait les gens, les objets. Elle oubliait Lampieur et, en même temps, une immense fatigue la chargeait qu’elle tirait derrière elle, comme une bête son fardeau.

— Hé, la p’tite mère ! émit à son adresse un débardeur ployé sous un énorme sac et qui la bouscula.

— Hou ! fit un autre.

— La demoiselle a tombé ! observa laconiquement un troisième.

Des rires moqueurs escortaient Léontine et elle ne les écoutait pas. Dans la foule qu’elle dut traverser, sous des quolibets de toute sorte, elle ne pensait qu’à ne pas s’écarter de sa route et qu’à gagner, par le plus court, le caboulot de Fouasse. Mais le grand diable qui venait de parler et qui se tenait à l’abri de la pluie, sous une entrée de porte, répéta pour lui-même et presque innocemment.

— La demoiselle a tombé… dans la boue.

— Oh ! ce n’est rien, répondit Léontine.