Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/85

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roues… Léontine observait ces choses… Elle les comptait et, petit à petit, la distance à laquelle toutes ces images se succédaient perdit de son éloignement et devint à peu près normale.

— Bien sûr, découvrit Léontine, la rue Dussoubs !

Elle s’achemina dans cette direction qui lui permettait de s’orienter et de se reconnaître. Pas à pas, elle avançait comme elle pouvait. À droite étaient les Halles. Léontine voyait, dans le ciel, le buisson de clartés qu’elles élevaient très haut et que striait la pluie. Par-dessus les maisons noires, une atmosphère enflammée occupait tout l’espace et des vapeurs y couraient et s’y partageaient en lambeaux.

Maintenant, plus elle approchait de l’angle des deux rues et plus l’animation des Halles adaptait à sa vie nocturne cent éléments épars ; des chiffonniers aux voix rauques visitaient les poubelles ; des resserres s’entr’ouvraient ; des débits obscurs ; de vagues porches humides où des charrettes à bras étaient louées à l’heure et à la nuit ; des corridors aux vacillantes lueurs ;