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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/40

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des lois astronomiques, et, à leur tour, celles de la chimie, comme un préliminaire immédiat des lois biologiques. Telle étant la constitution rationnelle et indissoluble de ces sciences, on voit clairement pourquoi j’ai insisté sur la subordination de l’étude de l’homme à celle du système, comme étant le principal caractère philosophique d’une biologie positive. »

Si nous passons maintenant à la branche plus concrète et plus spéciale de connaissances, qui traite des rapports de l’homme avec ses semblables et avec la terre dont il tire ses moyens de subsistance, nous trouvons la chimie qui en jette les fondements, lorsqu’elle « abolit l’idée de destruction et de création[1] » et qu’elle établit comme certains les faits suivants : que la consommation des subsistances n’est qu’un pas nécessaire vers leur reproduction ; que, dans toutes les opérations agricoles, l’homme ne fait que fabriquer une machine qui l’entretient pendant qu’il est occupé à cette fabrication ; que plus il consacre de temps et d’intelligence au développement des forces productives de la terre, plus aussi sa puissance de consommation doit être considérable, et que plus la consommation des subsistances suit rapidement la production de celles-ci, plus la reproduction des éléments indispensables pour de nouveaux approvisionnements sera considérable. Ces aperçus relatifs à l’effet du principe ainsi établi ne paraissent pas s’être présentés à l’esprit de M. Comte  ; mais il démontre clairement la relation directe qui existe entre la chimie et la science sociale, lorsqu’il dit à ses lecteurs : « Qu’avant qu’on connût aucune matière ou produit gazeux, beaucoup de phénomènes frappants doivent avoir suggéré inévitablement l’idée de l’annihilation ou de la production réelle de la matière dans le système général de la nature. Ces idées ne pouvaient céder devant la véritable conception de décomposition et de composition jusqu’au moment où nous avons décomposé l’air et l’eau, puis analysé les substances végétales et animales, et terminé par l’analyse des alcalis et des terres, montrant ainsi le principe fondamental de la perpétuité indéfinie de la matière. Dans les phénomènes vitaux, l’examen chimique, non-seulement des corps vivants, mais encore de leurs fonctions, tout imparfait

  1. Philosophie positive, traduction de Miss Martineau, t. I, p. 305.