Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/41

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qu’il est à cette heure, doit jeter une vive lumière sur l’économie de la nature vitale, en démontrant qu’il ne peut exister aucune matière organique radicalement hétérogène pour une matière inorganique, et que les transformations vitales sont sujettes, comme toutes les autres, aux lois générales des phénomènes chimiques. »

Il n’est guère possible d’étudier ces faits sans arriver à croire à l’universalité des lois qui régissent la matière, quelque forme que cette matière puisse revêtir ; argile, houille, fer, froment, ou homme ; qu’elle soit condensée sous la forme de chaînes de montagnes, ou d’immenses agglomérations d’hommes. Nous ne pouvons concevoir aucun corps sans pesanteur, et il nous serait impossible d’en imaginer un seul qui ne fût pas soumis à la loi de composition des forces. La chimie et la physiologie, plus concrètes et plus spéciales que la physique, fournissent de nouvelles lois, mais toujours subordonnées à celles qui gouvernent les masses d’où proviennent les atomes dont on s’occupe dans ces branches des connaissances humaines. La chimie concourt au développement de la physique, en même temps que les recherches du physiologiste posent constamment de nouvelles questions et favorisent ainsi le progrès de la science chimique. Chacune d’elle prête son aide et le reçoit à son tour.

La racine, la tige, les branches, les feuilles et les fleurs de l’arbre obéissent au même système de lois. Une eau colorée appliquée à la racine change la couleur de la fleur, et si la racine cesse d’absorber des sucs nourriciers, l’arbre périt. Cet arbre est semblable à l’arbre de la science dont la racine existe dans la physique, en même temps que sa tige se partage en divisions basées sur l’observation et l’expérience, et qu’il nous reste à trouver les feuilles, les fleurs et le fruit dans les branches mêmes de la science qui sont moins susceptibles de démonstration.

On ne peut guère mettre en doute aujourd’hui que cela ne soit vrai, en ce qui concerne les parties les plus abstraites et les plus générales de la science dont nous avons voulu surtout parler.

Pourrions-nous donc mettre en doute que nous trouverons un résultat identique, en ce qui concerne ces sciences plus concrètes et plus spéciales qui traitent de l’homme dans ses rapports avec le