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Dans les provinces nouvellement acquises, le peuple lit et écrit avec facilité ; et les individus sont doués d’énergie physique et morale, ils sont bons cultivateurs, et comprennent parfaitement à la fois leurs droits et leurs devoirs ; tandis que dans les anciennes provinces, l’éducation a disparu et avec elle le pouvoir de s’associer pour tout espèce de but utile. Dans les nouvelles provinces le commerce est considérable, ainsi qu’il appert des fait suivants, représentant le chiffre de la population et du revenu postal du Bengale, des provinces du Nord-Ouest et du Punjab, placées suivant leur ordre d’acquisition par la compagnie :

___ Population. _____ Revenu postal.
Bengale. 41.000.000 480.500 roupies.
Provinces du Nord-Ouest 24.000.000 978.000 id.
Punjab 8.000.000 178.000 id.

Nous avons présenté ici ce fait remarquable que, dans le pays des Sikhs, si longtemps représenté comme le théâtre d’une tyrannie avide, huit millions d’individus paient autant de droits de poste que quinze millions au Bengale, bien que, dans cette dernière province, nous trouvions Calcutta, siège de toutes les opérations d’un grand gouvernement centralisé. Il n’est pas extraordinaire qu’il en soit ainsi ; car le pouvoir de faire un emploi avantageux du travail diminue à mesure que l’on se rapproche du centre de la puissance britannique, et augmente à mesure que l’on s’en éloigne. L’oisiveté et l’ivrognerie se donnent la main ; et c’est pourquoi M. Campbell se trouve obligé de constater « que l’intempérance augmente là où notre domination et notre système sont établis depuis longtemps[1], » en même temps que le capitaine Westmacott apprend à ses lecteurs « que c’est dans les lieux depuis le plus longtemps soumis à notre domination, que se trouve la somme de crime et de dépravation la plus considérable. »

Calcutta grandit, Calcutta la ville des palais ; mais la pauvreté et la misère croissent à mesure que le commerce est, de plus en plus, sacrifié pour favoriser les intérêts du trafic. Sous la domination des indigènes, la population de chaque district pouvait faire des échanges réciproques, donnant des subsistances contre du coton, ou des tissus de coton, n’ayant personne à payer pour jouir du

  1. L'Inde moderne, par Campbell, p. 394.