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privilège. Aujourd’hui, tout individu doit envoyer son coton à Calcutta, pour être, de là, exporté en Angleterre avec le riz et l’indigo de ses voisins, avant que lui et eux puissent échanger des subsistances contre des tissus ou du coton ; et plus est considérable la quantité qu’ils envoient, plus est grande la tendance à l’abaissement du prix. La centralisation va chaque jour croissant, et chaque phase de son accroissement est marquée par l’impossibilité croissante de payer les impôts, et la nécessité plus impérieuse de chercher de nouveaux marchés pour y vendre des tissus, et d’amasser ce qu’on appelle des rentes ; et plus se développe l’extension du système, plus est grande la difficulté de recueillir le revenu suffisant pour maintenir en activité la machine gouvernementale. C’est là ce qui força les représentants de la puissance et de la civilisation britanniques à devenir trafiquants de cette drogue funeste qu’on appelle l’opium. Grâce à ce moyen, la population de la Chine acquitte chaque année un impôt qui représente près de 20 millions de dollars et l’existence de 500.000 individus.

« Devant un pareil fait, dit un auteur moderne, les sacrifices au dieu Jagernauth, se réduisent à rien. » Et cependant, c’est pour maintenir ce trafic que les bourgs et les villes de la Chine ont été saccagés, leur population ruinée, lors même qu’elle n’a pas été exterminée. Le trafic et la guerre se sont donné la main depuis le commencement du monde, et tous leurs triomphes ont été obtenus aux dépens du commerce.

§ 7. — Valeur insignifiante des droits privés, sur le territoire Indien.

Le revenu foncier brut, obtenu d’un pays ayant une superficie de 491.448 milles carrés, soit plus de 300 millions d’acres, est de 151.786.743 roupies, ce qui équivaut à 15 millions de liv. sterl., ou 72 millions de dollars[1]. Ce qu’est la valeur des droits particuliers de propriété, soumis au paiement de cette taxe, ou rente, on peut en juger par les faits suivants. En 1848-49, on vendit pour payer les taxes dans la partie du pays soumise à un bail fixe, 1.169 domaines, pour une somme un peu moindre que l’achat pour quatre ans de la taxe. Plus au sud dans le gouvernement de Madras, où le règlement relatif aux ryots est en pleine activité, la terre « se vendait volontiers pour des balances de rente ; mais généralement elle ne se vend pas, nous dit-on,

  1. Campbell. p. 377.