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quence : « on ne voit là, dit M. Laing, que bien peu de gens aussi mal vêtus que les ouvriers sans ouvrage ou à demi-salaire, et les journaliers à Édimbourg ; une classe prolétaire à demi-nue et en haillons ne se rencontre pas[1]. »

« L’habitation, ajoute-t-il, est bonne. Le paysan est bien logé dans des maisons bâties en briques et partout un parquet de bois. En dehors du plus humble cottage, la tenue extérieure de la cour, du jardin, des offices, approche plus de celles des demeures de la même classe en Angleterre que de celle d’Écosse[2]. »

Chaque paroisse a un établissement pour son maître d’école et un établissement pour son ministre, et les instituteurs sont mieux rétribués que leurs confrères d’Écosse et sont d’une éducation bien supérieure. « Le gouvernement a établi des écoles et entretient des instituteurs qui ont du mérite et sont bien payés, mais sans leur donner un monopole de l’enseignement. » Chacun est libre d’ouvrir une école, et les parents ont le choix d’envoyer leurs enfants à l’école publique ou aux écoles particulières. Comme l’éducation, la littérature et le goût littéraire sont partout répandus, les grandes villes ont des bibliothèques publiques et circulantes, des musées, des journaux, — tandis que dans chaque petite ville, dit M. Laing, « le voyageur rencontre des établissements pour l’éducation, et des indices de goûts intellectuels, comme le goût de la lecture, de la musique, des spectacles, bien supérieurs, » il est forcé de le reconnaître « à ce qui se trouve chez nous, en Angleterre, dans des villes du même ordre, et parmi les mêmes classes[3]. »

Voilà qui prouve abondamment l’effet bienfaisant de l’action locale comparée à la centralisation. Au lieu d’avoir des universités à Copenhague et point d’écoles locales ni de journaux, il y a provision universelle pour l’éducation et l’évidence universelle que la population en fait usage. Leurs goûts sont cultivés et le deviennent davantage de jour en jour ; c’est un contraste frappant avec le spectacle qu’offre le littoral opposé de la mer d’Allemagne ; et pourtant les avantages naturels de la Grande-Bretagne surpassent de beaucoup ceux du petit royaume en question. Cette différence se doit attribuer à ce que le système de l’une vise à avilir le prix de la terre,

  1. Denmark and the Duchies, p. 379.
  2. Ibid., p. 420.
  3. Ibid., p. 316.