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CHAPITRE XXV.

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

§ 1. — Caractère grossier de l’agriculture russe, il n’y a qu’un demi-siècle.

Avec un immense territoire et une population disséminée, la Russie était, il y a un demi-siècle, un pays à peu près purement agricole, où, par manque de diversité d’emplois chez sa population, le pouvoir de combinaison existait à peine. Comme une conséquence naturelle, les diverses facultés des individus dont se composait la société restaient sans développement, et l’homme était partout l’esclave de l’homme. Les fabriques étaient à peu près inconnues : les caravanes, faisant négoce à l’intérieur et fournissant aux besoins des lointaines tribus de l’Asie, arrivaient chargées des produits des ateliers anglais et d’autres pays étrangers. Lors de l’accession au trône de l’empereur Nicolas, en 1825, le pays n’était pas même en état de produire le drap pour l’armée, et, pour presque tous les autres produits du métier à tisser, il dépendait entièrement de l’ouest de l’Europe.

La production russe, devant aller chercher les marchés du monde sous la forme la plus grossière, chargée d’énormes frais de transport, rendait par conséquent peu à ses producteurs, qui, conséquemment, avaient peu pour acheter la production d’autres pays. Le commerce étranger était donc insignifiant, l’exportation ne montant qu’à 56.000.000 roubles, et l’importation à 63.000.000. » C’était moins d’un dollar par tête de la population. La dernière, toute faible qu’elle était, se composait d’articles de luxe à l’usage des classes supérieures — grands propriétaires, hauts fonction-