Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/248

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relation en peu d’estime, et qui mesure la prospérité d’un pays par ses relations avec les pays lointains, — vise tout à l’extérieur. L’un donne de la valeur au territoire domestique. L’autre cherche de nouvelles terres et conquiert la Californie, — envoie des expéditions au Japon, sur le littoral de l’Amérique du Sud, et sur la côte d’Afrique, en même temps qu’il se refuse à enlever les obstacles qui entravent la navigation du Mississippi. Le commerce cherche à faire un peuple riche avec un gouvernement à bon marché, et par conséquent fort. Le trafic fait un gouvernement splendide et dissipateur, et par conséquent faible. Les périodes de protection ont été celles d’économie et d’accroissement rapide de puissance, celles de libre échange, et particulièrement la période actuelle, ont été celles de splendeur, de déperdition et de faiblesse portées au plus haut point.

Le commerce tend à accroître le pouvoir de self-government (de se gouverner soi-même), en diminuant la nécessité de dépendre des marchés étrangers, tout en augmentant le pouvoir de s’adresser à eux, lorsqu’il peut y avoir avantage. À aucune période de l’histoire de l’Union, la nécessité pour de tels marchés n’a été diminuant aussi rapidement qu’en 1834 et 1846 ; cependant, à aucune, il n’a existé un aussi grand pouvoir de répondre à une demande étrangère, comme on en a eu la preuve lors de la famine d’Irlande. Les nécessités de l’homme diminuent à mesure que s’accroît son pouvoir. Le trafic vise à diminuer le dernier et à augmenter les premières, comme on le voit dans le cas du pauvre Hindou, qui ne peut obtenir une chemise qu’après que son coton est allé en Angleterre, pour qu’on le file et le tisse. Telle est la tendance de toute la politique des États-Unis, — visant, comme elle le fait, à tenir le producteur et le consommateur largement séparés, et accroissant ainsi la différence de prix entre les denrées brutes fournies par la terre, et les utilités achevées en lesquelles elles sont converties.

Le commerce, en favorisant le développement d’individualité, fournit emploi à chaque variété de faculté humaine. Le trafic, — en empêchant ce développement, —limite la classe d’emplois — et force les populations entières à s’employer à gratter la terre, à transporter de la marchandise, ou à opérer l’échange ; et plus il réussit à dominer le mouvement sociétaire, moindre est la quantité de