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soins de la population, qui se passent de l’assistance de la loi, laquelle n’est pas plus utile que si son auteur eût songé à fixer le nombre de chaussures, chapeaux ou habits que doivent tenir les fabricants de ces articles, — pour pourvoir à ce que ceux qui achètent des chapeaux soient sûrs d’en trouver. Sous une telle loi, on trouverait beaucoup de gens allant sans chapeaux, chaussures ou habits, — la quantité de ces articles devenant alors très instable, et leurs prix aussi variables que l’est aujourd’hui celui de la monnaie.

§ 12. — Comment les provisions de la présente Charte tendent à amener l’expulsion des métaux précieux.

Les billets de circulation, ou billets au porteur, tendent à augmenter l’utilité de la monnaie en facilitant le transfert de la propriété qu’ils contiennent. Tous les articles tendent vers les lieux où ils acquièrent le plus haut degré d’utilité ; et c’est pourquoi nous voyons les métaux précieux se frayer toujours leur voie vers les lieux où de tels billets sont en usage.

L’achat de valeurs avec les capitaux d’autrui sans emploi, placés dans une banque pour sûre garde, tend, pour un temps, à rendre la quantité apparente de monnaie plus grande que n’est la réelle, et ainsi à affaiblir l’utilité de la monnaie dans les mains de ses possesseurs actuels. Tous les articles tendent à quitter les lieux où ils ont le degré moindre d’utilité ; et c’est pourquoi nous voyons toujours l’exportation la plus considérable de métaux précieux, alors que ces dettes de la banque, appelées « dépôts, » sont à leur plus haut point.

La charte actuelle restreint le pouvoir de fournir des notes de circulation, tandis qu’elle laisse intact le pouvoir de la banque, d’étendre la circulation en monopolisant les valeurs, et rendant par là improductif le capital des particuliers. Après ce grand pas fait pour diminuer l’utilité de la monnaie, elle paralyse ensuite la somme considérable de 6.000.000 livres, en prenant, comme la mesure du lingot à retenir, la circulation presque invariable, sur laquelle les directeurs peuvent à peine exercer le plus léger pouvoir, au lieu des crédits sur ses livres, dont le montant dépend directement de l’exercice de leurs volonté. Il en résulte que les métaux précieux tendent aujourd’hui à s’écouler de la Grande-Bretagne, et non à couler vers elle ; et que le taux d’intérêt a, pour les trois dernières années, varié entre 5 et 8 %. On ne vit jamais tentative plus malheureuse de remédier au mal existant. Le pouvoir de la banque,