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produirait rien qu’en retenant dans les caves des banquiers particuliers ou des banques départementales une petite quantité en excès de billets, — les billets ainsi retenus étant entièrement hors de la circulation, comme s’ils eussent été retournés à la banque d’émission et placés au crédit de dépositaires.

La somme totale des mouvements de la banque, en 1847, fut 2.714.000 francs. En 1850, elle tomba à 1.470.000, — présentant ainsi une réduction de près de moitié dans la mesure étalon à laquelle se rapportent les valeurs monnaie. Une telle révolution tendait à ruiner tous ceux qui devaient vendre travail, terre ou propriétés de toute sorte. Deux ans après, en 1852, le chiffre était 2.514.000 ; et alors ceux qui désiraient acheter se trouvaient dans la position par laquelle venaient de passer ceux qui avaient dû vendre. Une classe toutefois profitait de toutes ces oscillations, — les individus déjà riches qui font le négoce de monnaie.

Le pouvoir d’effectuer de tels changements dérive de l’existence d’un monopole qui tire profit de l’arrêt de la circulation sociale. Plus il se peut paralyser de monnaie dans les mains de ses propriétaires, plus nombreux seront les millions gisants à la banque qu’elle pourra employer à forcer les prix des valeurs que ces propriétaires seraient heureux d’acheter à tout taux raisonnable. Conduits enfin à créer de nouveaux placements, en bâtissant des maisons ou en construisant des routes, ils se trouvent arrêtés dans le cours de leurs entreprises par une disparition subite de la surabondance imaginaire de numéraire, accompagnée d’une baisse de 40 ou 50 % dans le prix de la terre, des lots, des matériaux de bâtisse et d’autres articles et objets par eux achetés. Après des mois d’attente, ne recevant point d’intérêts de la banque, ils perdent de nouveau une partie, sinon le tout de leur capital. Toutefois il n’en est pas ainsi pour la grande machine qui a produit ces effets. Comme la banque d’Angleterre, elle prospère toujours, — ses dividendes grossissant d’une manière soutenue et la tendance vers un accroissement nouveau étant en raison directe de la destruction du crédit particulier. En 1844, ses actionnaires avaient 9 %. L’année suivante, ils recevaient 12.4 ; mais en 1846, année préliminaire pour la crise qui ne tarda pas à survenir, ils n’avaient pas moins que 14.4 % ou presque le triple du taux ordinaire d’intérêt.

§ 5. — Petit nombre de banques locales depuis dix ans. Leur disparition après la révolution de 1848. La centralisation de pouvoir aujourd’hui complète.

En passant aux banques locales telles qu’elles existaient il y a