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Il est difficile d’étudier ces chiffres sans en conclure que la circulation, — régie comme elle l’est par les besoins de la population, n’a réellement rien à faire avec les crises financières, dont la véritable et unique cause se trouve dans cet autre élément de pouvoir, — le montant des crédits inscrits aux livres de la banque et qu’on nomme dépôts. Plus on les peut enfler, plus augmente le pouvoir de la banque pour l’excès du négoce, et plus sera forte l’intensité de détresse, résultat de la révulsion ; mais plus aussi sera grande cette atteinte au crédit qui force tout le monde de recourir à la grande institution souveraine, — plus elle aura pouvoir de prendre un taux élevé d’intérêt. » et plus les dividendes grossiront. Cette banque aussi bien que celle d’Angleterre, a donc intérêt direct à faire de l’énorme pouvoir à elle conféré tel genre d’usage qu’il produise des révulsions fréquentes et sévères.

§ 4. — Ces oscillations sont dues à l’irrégularité de la grande banque. On en voit ; le résultat dans l’augmentation de ses dividendes.

Le pouvoir de la banque sur la circulation et sur la valeur de la propriété en tant que mesurée par le numéraire est donc, nous le voyons, sans contrôle aucun, — elle est sous ce rapport, omnipotente. Voici des faits qui montrent comment ce pouvoir a été exercé. » De 1807 à 1810, la somme de prêts annuels pour la banque a été porté de 333.000.000 francs à 715.000.000, après quoi vient une crise qui finit par une réduction, en 1811, à 391.000.000. D’où venait le pouvoir d’effectuer cette augmentation énorme ? De la circulation ? Certainement non. Car les variations de son montant, dans aucune partie de cette période, ne paraissent pas avoir excédé 30.000.000 ou 40.000.000. Il est venu probablement de la paralysie du capital des particuliers dans les mains de la banque, rendu stérile pour ses propriétaires et appelé « dépôts. »

Les années de 1815 à 1818 ont vu un pareil cours d’opération, — les effets escomptés dans l’année ayant été portés de 203.000.000 à 615.000.000, après quoi est venue une crise aboutissant à une réduction à 389.000.000. À peine échappé de là, la banque répète l’opération, portant le chiffre de ses prêts de 384.000.000, en 1824, a 638.000.000 dans l’année de la crise de 1825. La chose recommence dans la période d’excitation qui finit en 1837. De 1844 à 1846, le montant des escomptes fut porté de 809.000.000, à 1.294.000 ; et pourtant la circulation moyenne de la dernière année excède celle de 1845 de 25.000.000 seulement, — somme incapable de produire aucun effet sensible ; réduction aussi que l’on