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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/449

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ou de coton, dans les pays qui ne sont pas producteurs de ces denrées.

D’après quoi, il est clair qu’un pays ne peut continuer d’une manière durable à employer l’or et l’argent comme circulation, s’il a contre lui une ferme balance de négoce. Quelque quantité qu’il en ait, et quelque faible que soit l’excédant qu’il en exporte, cet excédant, joint à la consommation, réduira graduellement la quantité au point d’amener la défiance et la thésaurisation, — chaque pas dans ce sens étant un pas d’accélération constante. Tout riche qu’est le Brésil, il se sert de certificats de papier au lieu d’espèces. Toute riche en or qu’est la Californie, le prix de la monnaie y est énorme et a conduit à la répudiation de ses dettes. La valeur du papier monnaie russe s’est bien soutenue pendant plusieurs années de guerre, mais elle a tellement tombé après la paix de 1815 et l’établissement d’une liberté comparative du négoce, que quatre roubles-papier ne s’échangent que contre un rouble argent. La Turquie, qui ne le cède à aucun de ces pays pour les avantages naturels, perçoit ses revenus en denrées, tandis que le gouvernement altère la monnaie d’année en année. Le Portugal a été mis en faillite par le traité de Méthuen, qui a pourvu à cette exportation de produits bruts qui devait conduire infailliblement à l’exportation de son stock de métaux précieux. L’Espagne a exporté ses matières brutes, — envoyant avec elles la production de ses mines du Mexique et du Pérou. La France fit de même sous l’empire du traité de 1786, et causa par là une révolution. La balance du négoce, toujours favorable à l’Angleterre, l’a mise à même de se servir d’espèces d’or et d’argent ; et cela à un degré inconnu à aucun autre pays du monde. Toute l’expérience prouve que la balance du négoce doit être contre les pays qui exportent leur production brute, — que les métaux précieux doivent s’écouler de ces pays — et que ces pays doivent, en poursuivant cette politique, abandonner l’idée de se servir de l’or et de l’argent comme d’un étalon de la valeur.

Raisonnant maintenant a priori, nous arrivons, — et cela inévitablement, — aux mêmes résultats. Un pays non-producteur des métaux précieux doit se dispenser de leur usage, ou doit les importer. Pour atteindre ce dernier but, il doit établir en sa faveur une balance de négoce payable en ces métaux. S’il manque à la faire, il doit cesser de les employer dans les arts, et doit à la lon-