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gue renoncer à s’en servir comme étalons auxquels rapporter les valeurs. Il serait absurde de prétendre soutenir le contraire, et pourtant c’est à cela que tendent les professeurs de l’économie politique moderne, qui suivent la voie de Hume et d’Adam Smith, relativement à cette importante question.

§ 10. — Instabilité de la politique américaine. Périodes de protection et de libre-échange alternant entre elles. La prospérité, compagne invariable des premières ; et la banqueroute pour le peuple et l’État, la compagne des autres.

La politique des États-Unis a été très-variable, — tendante, à l’occasion et pour de courtes périodes, à arrêter l’exportation des matières brutes et de l’or. En général, cependant, la tendance a été dans la direction contraire, ce qui a eu pour conséquence la suspension et la faillite des banques dont nous venons de parler. Ces désastres ont eu lieu, pour la première fois, dans la période de 1817 à 1834, lorsque les produits manufacturés eurent entrée libre, et que les espèces sortirent librement ; pour la seconde fois, dans l’année calamiteuse qui précéda l’acte passé en 1842[1] Sauf ces deux époques, il est douteux que toutes les faillites des banques de l’Union, dans les trente années de 1816 à 1846 aient monté à la millième partie de 1 %, ou que les pertes de la population, par les banques, aient monté même à la millionième partie de 1 du total des affaires qu’elles ont facilitées. Les pertes qui résultent de l’usage des navires, rien qu’en une année payeraient cent fois les pertes causées par toutes les banques du pays, pendant un siècle, — en exceptant les six années qui finissent en 1824 et les cinq qui finissent en 1842.

Alors comme aujourd’hui, le pays s’appliquait à amener une exportation de matières brutes qui épuisait le sol ; et alors comme aujourd’hui les métaux précieux prenaient le même chemin qu’elles. La politique empêchait l’usage des espèces d’or et d’argent ; elle nuisait à l’existence du crédit ; et il s’ensuivit que la thésaurisation se propagea tellement dans les années de 1837 à 1840, que l’envoi considérable d’espèces par la banque d’Angleterre, en 1838, ne produisit pas le moindre effet pour rétablir la confiance perdue. Il en est de même aujourd’hui. La quantité d’or dans le pays est plus grande qu’il n’a jamais été, mais cet or est dans les caves de la trésorerie, à cause du manque de confiance dans les banques, ou bien il voyage du sud au nord, ou de l’est à l’ouest, ou bien il se thésaurise dans des cachettes ; mais, — et

  1. Voir précéd., p 324