Dans les diverses petites communautés qui vont s’accroissant aujourd’hui dans les États de l’Ouest, il y a une foule de petits capitalistes qui se préparent les uns à acheter une maison, ou un terrain, ou une petite ferme, les autres à ouvrir une boutique. Tous ces gens, en attendant, ont désir que leur monnaie fasse quelque profit, — ce qui grossirait leur petit stock. Pour la communauté elle-même il est désirable que les accumulations du tailleur et du charpentier, — les petites fortunes de la veuve et de l’orphelin, — les épargnes du docteur et de l’ecclésiastique, — soient tenus en opération active. En combinant leurs efforts, ces petits capitalistes ouvrent un comptoir dans le but de prêter leur monnaie, et de fournir à la population du voisinage un lieu de sûr dépôt pour telles portions de leurs capitaux respectifs qui peuvent de temps à autre se trouver sans emploi. Le stock, se trouvant possédé par actions, est facilement transférable, — le cordonnier, une fois prêt à bâtir sa maison, vendant son action au tailleur ; le commis, une fois prêt à ouvrir boutique cédant son intérêt à l’ecclésiastique. Le capital social étant pour ceux qui négocient avec lui sécurité de remboursement, personne ne croit nécessaire de cacher ou d’ensevelir son petit stock. La banque, ainsi organisée, aide le fermier à acheter son engrais, le boutiquier à obtenir plus de marchandises, — le maître maçon à obtenir des briques et de la charpente, — les petites épargnes du voisinage trouvant ainsi à s’employer activement sur le lieu où elles ont été faites. Pour acquitter les dépenses de gestion, les banquiers doivent réclamer quelque chose en échange de l’utilité qu’ils fournissent en recevant, gardant et remboursant à la volonté des propriétaires, les sommes déposées chez eux ; ou bien ils doivent se payer sur l’intérêt qui provient de leur usage. L’avantage qui dérive de l’existence d’une banque est la facilité avec laquelle les petites sommes peuvent se placer temporairement et être rappelées, — la communauté néanmoins profitant par le fait que toute sa richesse se trouve activement employée. Si le laboureur refuse à son voisin de lui prêter son cheval, il ne pourra lui emprunter sa charrette, et si les propriétaires de petites sommes de monnaie les gardent dans de vieilles chaussettes, ils trouveront difficilement à emprunter quand le besoin s’en fera sentir pour eux-mêmes.
Le comptoir de monnaie ainsi formé constitue une petite banque