considérablement. Et de là vient que la France, jusqu’à ce jour, n’a pu encore obtenir un gouvernement stable.
Au milieu de cette guerre de divers éléments, le système de Colbert, en tant qu’il se proposait d’établir des relations directes entre les producteurs et les consommateurs et d’affranchir le commerce de la domination du trafic, ce système, disons-nous, resta intact ; on reprit alors la voie rétrograde de ceux qui avaient négocié le traité de 1786, et l’on rétablit la protection. La guerre qui suivit, amenant la nécessité de s’adresser à l’intérieur, pour les approvisionnements de drap et de fer, tendit vers le même but. Telle fut également la tendance du système continental de Napoléon et ce fut ainsi, conséquemment, que le retour de la paix trouva le peuple et le gouvernement français préparés à agir de concert pour mettre à exécution, et même pour corroborer, les mesures de résistance à la centralisation commerciale inaugurée cent cinquante ans auparavant, par l’illustre ministre de Louis XIV, mesures qui avaient pour but d’affranchir le fermier de l’impôt vexatoire du transport.
Jusqu’à quel point, ces mesures ont-elles contribué au progrès de l’agriculture, c’est ce qu’on verra par les chiffres suivants que nous empruntons à la Statistique de l’Agriculture de la France, ouvrage que M. Moreau de Jonnès a composé sur des documents officiels, et qui représentent l’augmentation, en valeur monétaire, du produit du travail agricole, depuis le commencement du dernier siècle.
Périodes. | Durée de l’intervalle |
Taux de l’augmentation du produit annuel |
Moyenne annuelle de l’augmentation |
1700 à 1760 | 60 ans | 26.750.000 | 445.000 |
1760 à 1788 | 28 ans | 504.583.000 | 18.000.000 |
1788 à 1813 | 25 ans | 1.323.638.000 | 53.000.000 |
1813 à 1840 | 27 ans | 2.665.198.000 | 100.000.000 |
La première de ces périodes fut celle qui suivit l’épuisement des ressources du royaume résultant de la succession continuelle des guerres sous le règne de Louis XIV, période pendant laquelle suivant M. Blanqui « le commerce avait presque cessé d’exister et les manufactures, décimées par la proscription des protestants, semblaient condamnées à perdre toutes les conquêtes dont elles étaient redevables au génie de Colbert[1]. »
- ↑ Voy. tome I, la note de la page 286-287, chap. ix. § 11.