Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/485

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sant la combinaison d’action parmi les hommes, c’est-à-dire le commerce. Plus augmente ce commerce, plus la circulation du travail et de ses produits en un temps donné s’accélère ; et pourtant, selon M. Mill, « l’état de société peut-être tel que chaque pièce de monnaie accomplisse à peine plus d’un achat par an ; mais si cela provient du petit nombre de transactions, — du petit montant d’affaires, du manque d’activité du négoce, il n’y a point de raison pour que les prix soient plus bas ou la valeur de monnaie plus élevée [1]. »

Telle est la théorie, mais que sont les faits ? À mesure que la monnaie gagne en utilité, — à mesure que sa circulation est accélérée par des moyens quelconques, — les prix du travail et de la terre montent et la valeur de la monnaie décline. À mesure au contraire que la monnaie, par une cause quelconque, perd en utilité, les prix tombent et la valeur de la monnaie monte. Il en a été ainsi en Angleterre, France et Allemagne pour des siècles, — les prix montant à mesure que la monnaie circulait plus vite, et tombant partout où le crédit était en souffrance et où la monnaie se thésaurisait. Il en est ainsi aujourd’hui dans tout pays du monde, — le prix de la terre et du travail s’élevant, et la valeur de la monnaie déclinant, dans tous les pays qui s’occupent d’accroître la vitesse de circulation ; tandis que dans tous ceux où la circulation s’alanguit, la terre et le travail vont en baisse, en même temps que la monnaie hausse. Voilà pourquoi c’est réjouissance générale quand la monnaie entre, et c’est deuil général, sauf uniquement pour le prêteur de monnaie, lorsqu’elle s’en va.

Toute force résulte de mouvement et la quantité de force obtenue dépend de la somme de mouvement dans un temps donné, — un corps qui se meut à raison de cent mètres par minute, étant animé d’une force cent fois plus grande que celui qui se meut à raison de dix mètres seulement. Sur quoi, l’une de ces deux choses doit être vraie, — ou il y a universalité dans les lois de la nature, ou M. Mill est dans l’erreur. Comme preuve à l’appui de la dernière assertion, nous avons le fait que le mouvement de tous les pays avancés est en opposition directe aux théories de cette école qui a donné naissance aux doctrines d’excès de population et de la

  1. Citation de Mill.