Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/490

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nation vienne à voir que si elle augmente la quantité des articles pour lesquels son sol et son climat lui donnent aptitude, les autres feront de même, — ce qui leur permettra d’obtenir plus de drap, plus de fer et plus de houille à mesure qu’ils envoient plus de coton et de sucre ; et c’est la grande raison mise en avant par les économistes lorsqu’ils insistent sur l’adoption du système qu’on a nommé libre-échange.

Les gens du Pérou, du Mexique ou de la Californie, en lisant le petit livre de M. Bastiat, ou celui de tout autre membre de l’école du libre-échange, — trouvent cependant que n’importe à quel point la chose puisse être vraie au sujet du coton, de la laine et d’autres utilités, elle est complètement fausse au sujet de l’or et de l’argent, — l’unique effet résultant d’une augmentation d’effort étant d’élever le prix ailleurs, ce qui les force à donner deux dollars pour une utilité qu’auparavant un dollar eût achetée. D’après quoi, leur réel et véritable intérêt trouverait avantage à l’inaction et la déperdition, et non à l’industrie et à l’économie qui conduisent à augmenter leur production. Il n’y a donc point ici harmonie des intérêts.

De plus ils trouvent complètement absurde de supposer qu’il soit de quelque importance aux nations du monde que leur système tende ou non à créer chez elles des marchés pour l’or et l’argent, et à faire ainsi que ces métaux soient importés à l’effet de régler la balance du négoce. Ils envisagent la question sous un autre point de vue que les économistes et précisément comme les producteurs de blé et de coton. Ceux-ci se réjouissent s’ils voient les diverses nations de l’Europe adopter un système qui tende à produire en leur faveur une balance de négoce à régler en coton, — car ils savent que cette extension du marché tend à leur donner pouvoir d’obtenir d’autres utilités pour celles qu’ils ont à vendre. Le producteur de sucre fait de même, et de même aussi le fabricant de drap ou de fer. Chacun désire de voir partout ailleurs une balance dont le règlement demande une fourniture de son utilité ; et l’on ne peut mettre en doute que les producteurs d’or n’aient intérêt à ce que ce soit le cas pour toutes les nations de la terre. Ils ont besoin d’un plus grand marché pour leurs produits, et pour qu’ils l’aient il faut que plus de nations s’enrichissent assez pour acheter l’or et l’argent qui serviront de monnaie ou seront appliqués aux différents usages dans les arts ; c’est-à-dire que plus