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de nations aient une balance favorable de négoce. Voilà pourtant ce que tournent en ridicule M. Bastiat et ses disciples qui tous nient que puisse être vrai pour la monnaie ce que nous voyons l’être pour toute autre utilité fournie par la terre, — niant ainsi l’existence de lois universelles.

§ 17. — Plus se perfectionne la diversité d’emplois dans chacune des sociétés, et plus est parfaite l’harmonie de tous les intérêts au dedans et au dehors.

Certaines nations ont la balance du négoce en leur faveur — ce qui fait qu’elles sont grands consommateurs de métaux précieux, et de bons clients pour les exploitants des mines. D’autres consomment peu, — la balance du négoce étant contre elles. Ces phénomènes ont, pour les peuples du Pérou et du Mexique, un intérêt exactement semblable à celui que prend à ce qui se passe sur les marchés de l’Europe le producteur de coton ou de tabac. Leur étude les conduit à constater que toutes les nations du monde qui ont acquis qualité de bons clients pour leurs produits, le doivent à des mesures tendant à amener le producteur et le consommateur l’un auprès de l’autre — par exemple, la Prusse, la France, la Belgique et le nord de l’Europe en général, — toutes nations qui ont protégé leurs fermiers dans leurs efforts pour amener le métier et la navette à prendre place à côté de la charrue et de la herse. Passant de là aux nations qui ne peuvent fournir à acheter l’or et l’argent, ils constatent que ce sont invariablement celles qui ont suivi une politique conduisant à une balance défavorable du négoce, — à la nécessité d’exporter ce qu’elles avaient jusqu’alors possédé de métaux précieux, — et faisant d’elles des concurrents au lieu de consommateurs, — Turquie, Italie, Portugal, Irlande, Inde et Indes occidentales.

À leur tour, les États-Unis leur montrent que lorsqu’ils suivent une politique tendant à augmenter la diversité d’emplois, ils sont bons consommateurs de métaux précieux ; tandis que chaque fois qu’ils cherchent à transformer toute leur population en fermiers et planteurs, ils deviennent aussi des concurrents — qui forcent leur stock d’or et d’argent vers l’Europe, — intervenant ainsi sur ce marché et diminuant la demande qui autrement y aurait existé. Étudiant ensuite les doctrines de M. Bastiat au sujet du négoce, ils le trouvent approuvant la politique suivie par la Turquie, l’Irlande et l’Inde, dont aucune ne peut acheter l’or, et blâmant celle de la France, l’Allemagne et la Belgique qui toutes peuvent acheter l’or et l’argent et par là contribuer au développement des trésors de la