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cessaire pour les besoins du gouvernement, est prodigieusement considérable, la presque totalité de cette proportion doit chercher le capital avant qu’il ne soit distribué de nouveau, et Paris s’accroît, conséquemment, avec une rapidité surnaturelle ; dans ces cinquante dernières années, la population du département de la Seine s’est élevée de 600.000 individus à plus d’un million et demi ; et toutes les mesures prises par le gouvernement tendent à produire et à développer le même effet. La question, toutefois, n’est pas tant une question d’existence qu’une question de progrès ; et les faits présentés plus haut démontrent, d’une façon concluante, que la population agricole de la France voit sa condition s’améliorer constamment et rapidement, prouvant ainsi que la décentralisation sociale amende peu à peu les erreurs’ d’un système politique erroné[1].

§ 8. — Accroissement considérable dans la valeur de la terre, résultant du pouvoir accru d’association et de la diminution de la taxe de transport.

La première et la plus lourde taxe que doivent payer la terre et le travail étant celle du transport, c’est pour cette raison que, dans les pays purement agricoles, le fait de recueillir les moyens nécessaires pour l’entretien de l’État entraîne avec lui, à un si haut degré, l’intervention dans le développement du commerce. Dans tous ces pays, la terre et le travail sont à bas prix et les agglomérations sociales sont pauvres et faibles. Cette taxe diminue à mesure que la société revêt une forme plus régulière ; et c’est ainsi, conséquemment, que s’élève à un tel point le prix des matières premières, la terre, le travail, le blé et la laine, ainsi que nous avons vu que cela a eu lieu en France. Le mouvement qui s’accomplit dans cette direction est une preuve de progrès, et cependant, certains économistes français déplorent la concurrence de ceux qui cherchent à acheter le travail, comme tendant à augmenter le taux

  1. « La France a deux grandes armées à peu près d’égale force, l’une qui tient la plume, l’autre l’épée. Sur 16 hommes en France, il y a un fonctionnaire public payé ; et si on compte les soldats et les marins, sur neuf hommes, il y en a plus d’un qui vit sur les budgets de l’État, des départements ou des communes. Ajoutons, aux fonctionnaires, 9.814 notaires, 3.424 avoués, 7.866 huissiers, qui, sans compter les avocats, doivent vivre aux dépens du travail productif. Cet état de choses a un double effet désastreux ; non-seulement la France agricole s’épuise à payer tant de monde, mais l’élite de la population française, au lieu de consacrer ses capitaux, son activité, son intelligence, à faire par elle-même, à produire, à enrichir notre pays n’est occupée qu’à solliciter, administrer, à percevoir les impôts et à maintenir l’ordre à l’intérieur et la sécurité à l’extérieur. » (Raudot. Décadence de la France, p. 105.