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des salaires, et la concurrence de ceux qui veulent acheter du blé comme tendant à faire hausser le prix des subsistances[1], le travail et les matières premières à bon marché étant regardées, apparemment, comme indispensables au pouvoir dont jouit le trafic, d’imposer les conditions auxquelles les diverses nations du globe pourront participer aux avantages du commerce. Tout ce qui économise le travail tend à donner de la valeur au travailleur. Tout ce qui économise le travail nécessaire pour échanger les matières premières contre de l’argent tend à faire hausser leur prix ; et cette économie se manifeste à son tour, dans une élévation de salaires et un accroissement dans le prix du sol. Que ces résultats, en ce qui concerne les salaires, se soient produits dans la période qui s’est écoulée entre 1827 et 1840, c’est ce qui est prouvé par les chiffres produits plus haut ; et il est un fait qui démontre que, depuis cette époque, ces résultats se sont manifestés même sur une plus grande échelle, c’est que M. Moreau de Jonnès n’évalue pas, aujourd’hui, le total de la production agricole de la France à moins de 8.000.000.000 de francs, et le produit total du travail à 12.000.000.000, ce qui donne une moyenne de 350 fr. par tête au lieu de 121 en 1789[2]. La différence est prodigieuse, et fournit une preuve concluante de l’avantage qui découle de la poursuite constante d’un système qui se propose pour but la diversité des travaux et le développement des facultés latentes de l’homme, conséquence de cette diversité.

Que ces résultats se soient produits en ce qui concerne la terre, c’est ce qui est clairement démontré par ce fait important que, en même temps que la rémunération du travail augmente si constamment, les millions de petits propriétaires voient leurs propriétés augmenter constamment de valeur ; que les diverses qualités du sol arrivent si constamment à être utilisées, que les terres regardées auparavant comme étant de qualité inférieure atteignent promptement le niveau de l’égalité relativement aux terres de qualité supérieure ; les rentes qui, il y a moins de trente ans, variaient de 8 à 58 francs, s’élèvent aujourd’hui de 40 à 80 ; les terres de la moindre qualité ayant quintuplé de valeur, tandis que celles de

  1. Journal des Économistes. Mai 1854.
  2. Ibid. Novembre 1855.