Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/213

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vent liées l’une à l’autre pour former une pyramide plus grande ou un État. La concentration parfaite n’en continue pas moins d’exister ; — les règlements locaux continuant à gouverner les intérêts locaux, les juges locaux à décider les procès locaux. Les routes et les ponts locaux se construisent sous la direction de fonctionnaires locaux ; tandis que les moulins, les usines, les boutiques libèrent le fermier de la taxe de transport, — formant demande sur le lien même pour tous les produits de la terre.

Avec la richesse et la population qui s’accroissent, la grande union gagne en puissance par suite du développement des parties qui la composent. — Elles, à leur tour, croissent en force parce qu’elles ont le contrôle parfait sur leur commerce domestique, — ce commerce, le plus important pour l’homme. Le progrès se manifeste par le nombre croissant que chaque communauté présente d’individus possédant chacun son propre champ et sa propre maison sur lesquels il concentre ses efforts pour améliorer son bien être, celui de sa femme, celui de ses enfants, les êtres sur qui convergent ses espérances de bonheur, à l’aisance, au confort, aux jouissances de qui il est prêt en tout temps à consacrer ses facultés physiques et intellectuelles. La machine est simple, elle se meut d’elle-même, — chaque homme fournissant sa part de mouvement. L’ouvrage est fait et il est difficile de voir par qui ; la tâche n’est point rude, répartie entre plusieurs. Comme sa forme est naturelle, la tendance à la stabilité est complète. Sa capacité de résistance est grande, mais son pouvoir d’attaque est faible, d’où résulte la tendance à la paix.

§ 2. — Doctrines d’Adam Smith au sujet de la concentration et de la centralisation.

C’est là la concentration, un mot qui exprime précisément la même idée que présente à l’esprit celui de commerce ou société. — C’est la forme simple et naturelle imaginée par Adam Smith lorsqu’il parle de cet ordre de choses que la nécessité impose en général et qui est favorisé par les penchants naturels de l’homme. — Si les institutions humaines n’avaient jamais perverti ces penchants naturels, les villes, selon lui, n’auraient jamais pris plus de développement que n’en pouvaient supporter l’amélioration et la culture du territoire dans lequel elles étaient situées ; et les hommes, affranchis de la tyrannie du trafic, — auraient été à même de jouir des charmes de la vie rurale « et de la tranquillité d’esprit » qui l’accompagne et que l’auteur de la Richesse des Nations admirait si passionnément. Plein de foi dans la tendance de l’humanité vers le com-