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la valeur de 20 schellings. Le pain, le lait, la bière, tel est le régime quotidien des bourgeois. En 1339, il est fait mention du don d’une nief (ou serve femelle) avec toute sa famille, tout ce qu’elle possède ou pourra acquérir par la suite. En 1351, sous Édouard III, nous trouvons le Statut des laboureurs, par lequel le salaire des faneurs et javeleurs est fixé à 1 penny par semaine, payable soit en monnaie, soit en grains à raison de 10 deniers le boisseau ; le cultivateur qui les emploie peut opter. Cette clause, qui lui garantit l’option, se comprendra facilement lorsqu’on voit que dans le XIVe siècle le prix du blé variait de 2 schellings à 4 livres le quarter. Pendant les cours élevés le journalier était payé en argent, qui ne lui procurait pas sa subsistance, et lors des prix avilis il recevait du blé, qui ne lui permettait pas d’acheter du drap. Personne n’eût songé à quitter son village en quête d’un travail d’été, s’il eût trouvé à s’employer pour un salaire supérieur, à l’exception des gens du comté de Strafford ou Lancastre et peu d’autres localités. Les journaliers devaient jurer deux fois l’an d’observer les règlements. Le contrevenant était mis aux ceps pour trois jours ou même davantage. En 1360, le statut des journaliers fut confirmé par le parlement, la peine de l’emprisonnement fut renforcée, on y ajouta la marque au front par un fer rouge. Le maître avait l’option d’engager à la journée ou pour l’année entière, mais le journalier était tenu de donner son travail à ce taux, soit au jour, soit à l’année.

Les maîtres profitaient largement de l’option, comme le montre ce fait cité plus haut de 250 faucilleurs employés à couper 200 acres de grain. Le maître avait la faculté de forcer les gens à s’engager pour l’année, sans être lui-même forcé de contracter de la sorte ; il ne consultait là-dessus que son propre intérêt. La moisson faite, les bras ne trouvaient plus d’emploi. Le résultat, nous le voyons par ce fait, que « plusieurs s’armaient de gourdins et vagabondaient de village en village par couples ou par bandes de trois ou quatre, et que le plus grand nombre devenaient d’insolents vauriens et infestaient le royaume par leurs maraudages. » En 1338, les salaires furent réglés à nouveau, ceux d’un conducteur de charrue furent taxé à 7 schellings pour l’année avec la nourriture, mais sans l’habillement ou autre fourniture quelconque. L’argent du salaire pouvait ainsi acheter sept aunes de drap grossier, dont le prix était