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CHAPITRE XXXIX.

DE L’ACCUMULATION

§ 1. — Le pouvoir d’accumulation dans le monde naturel et dans le monde social est en raison de la circulation.

La consommation et la production sont toujours égales. Comment, va-t-on se demander, pourra-t-il y avoir accumulation ? Puisque c’est la demande qui stimule l’offre, plus il y aura application du stimulant et plus s’accroîtra le développement des facultés humaines, — plus s’accroîtra le pouvoir de consacrer le temps et l’intelligence à la construction de machines nécessaires pour soumettre à l’usage de l’homme les forces inépuisables de la nature qui partout l’entourent, attendant qu’il y ait demande de leurs services. L’arc et le canot soumettent à Crusoé certaines de ces forces et dans ce pouvoir il trouve la richesse. Les instruments qui loi ont servi à l’acquérir constituent autant de parties de son capital.

Au commencement de son séjour dans l’île, la nourriture était rare, et même une fois acquise il trouvait de la difficulté à la préparer pour la consommation. Il n’avait conséquemment que peu de loisir pour fabriquer des arcs, des flèches, des canots, ou tout autre appareil pour appeler la nature à son aide. Ce premier pas fut, comme c’est l’ordinaire, d’une difficulté extrême. Une fois accompli cependant, chacun de ceux qui suivirent furent de plus en plus faciles. La nourriture lui coûtant maintenant moins d’efforts, sa valeur diminue comparée à celle du travail, laquelle, de son côté, augmente dans la comparaison, et en même temps plus s’ac-