Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/84

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croissant plus rapidement que dans aucun autre pays du monde.

La libre circulation de l’un et de l’autre cependant rencontre encore de nombreux obstacles — qui tous résultent d’une centralisation politique portée à l’excès, laquelle exige l’entretien d’armées et de flottes qui absorbent une grande portion des impôts. On ne peut vendre ni hypothéquer la terre sans admettre le gouvernement comme partner dans l’opération, — et sans lui payer une part des revenus. — L’octroi entrave la circulation entre les villes et la campagne, tandis qu’à l’intérieur les anciens négociants et les capitalistes jouissent de monopoles qui leur permettent d’emplir leur bourse, aux dépens à la fois du producteur et du consommateur. De là la difficulté, que déplorent si vivement les économistes français, de trouver des consommateurs pour les choses produites ; comme si chaque individu n’était pas apte, sous un système qui donne rapidité à la consommation, à être pour les autres un consommateur en raison de sa propre production tout entière. Aussi la nécessité d’émigrations fréquentes et lointaines continue-t-elle, — et c’est spécialement pour les obtenir qu’on presse le gouvernement d’adopter de nouveau la politique du traité d’Éden de 1786, qui arrêta la circulation et par suite amena la Révolution.

Lorsque la loi vint établir le partage de succession entre les enfants on s’empressa de dire que le pays allait devenir une immense garenne, — que la population allait pulluler avec une rapidité qui réprimerait tout pouvoir d’accumulation. Au rebours de la prédiction, le chiffre s’est élevé mais lentement, — la division n’a pas marché beaucoup plus vite. Il y a quarante ans le chiffre des parcelles, en y comprenant les terrains dans les bourgs et villes était de 10.083.751. Vingt ans après, il s’élevait à 10.893.583, — ce qui donne un accroissement d’environ huit pour cent qu’il faut rapporter en grande partie à l’agrandissement des bourgs et villes, c’est-à-dire aux terrains des maisons bâties. Quatre ans après, en 1842, le chiffre est 11.511.841, ce qui donne un accroissement considérable, lequel est suivi précisément de toutes les circonstances qu’amène partout ailleurs la division, — une grande hausse dans le prix de la terre et du travail.

La circulation gagne constamment en rapidité, et il y a un accroissement extraordinaire dans la production agricole. Depuis trente ans surtout, dit un économiste distingué, la France a réalisé