Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 1.djvu/181

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ALMÉNORADE.

Le croyez-vous, Seigneur ? Un vainqueur tel que vous,
D’aucun autre mortel peut-il être jaloux ?
Faites-vous cette injure à la plus tendre amante,
À ce cœur plein de vous, à mon ardeur constante ?

ORCANOR.

Si vous m’aimez toujours, qui peut vous allarmer ?
Les flambeaux de l’hymen, pour nous vont s’allumer,
Je ne vous comprends point : ah ! ma chere Princesse,
Qui peut troubler ainsi ce moment d’allégresse ?

ALMÉNORADE.

Le sort cruel, hélas ! qui va nous séparer.
Ô Dieux ! je sens mon cœur prêt à se déchirer !
Un amour trop fatal va faire notre perte ;
Quelle main à l’instant, cher Prince, m’est offerte !
Un maître impétueux, veut dans ce même jour,
Qu’en partageant ses feux j’approuve son amour.

ORCANOR.

Et vous y consentez ?

ALMÉNORADE.

Et vous y consentez ? Ah ! que sur moi la foudre